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Pourquoi j’ai accepté d’enseigner le yoga dans une clinique entre Argenton et Le Blanc ?

On en parle peu, et pourtant, c’est tabou, ça gène, c’est peu compris.

Je travaille dans un hôpital psychiatrique et j’aime tellement ce boulot. Je me sens vraiment utile, je trouve un réel sens à mon travail là-bas.

Hier après-midi nous avons eu une pratique tellement intéressante et incroyable autour des « ouvertures de cœur« , à chaque fois je suis étonnée de nos échanges d’après, à chaque fois je me sens bouleversée.

J’ai d’abord hésité avant d’accepter ce poste car je ne connais que trop cette situation, pas celle d’être interné (quoi que je n’en étais pas loin) mais celle de vivre l’enfer dans sa tête, de se battre chaque jour contre soi-même, d’être dans un tel état de mal-être, que je n’étais pas sure de vouloir ouvrir des tiroirs que j’avais réussi à fermer tant bien que mal, pas sûre de vouloir assister à ce bout de vie là de personnes que je ne connaissais pas.

On a tendance à croire que le malheur est contagieux et je me suis rappelé que ces gens-là n’étaient pas malheureux mais bien malades.

Et c’est là ou la différence est énorme. On a tendance à peu ou pas comprendre la dépression et les maladies mentales en général mais ce n’est ni de la mauvaise volonté, ni une envie d’attirer l’attention mais bien une maladie.

Ce n’est pas en s’agaçant et en envoyant un bon « bouge-toi et tu verras ça ira » ou alors donner votre avis sur l’effet affreux des anti-dépresseurs et autre cachets, et que le millepertuis et de la bonne volonté peuvent vous sauver.

Si votre esprit est cassé, il faut le faire réparer

Pour ma part ce qui m’a permis de comprendre que j’avais besoin d’un traitement et d’un suivi sérieux, c’est qu’un jour en retraite de yoga une des participantes m’a dit :

« If you have a broken leg, you’ll take some medicine? Well, if you have a broken mind you’ll need it too »

Comprenez : si vous avez la jambe cassée, vous prendriez un traitement ? Et bien si votre esprit est cassé vous en aurez besoin aussi !

Et ça a été la phrase la plus libératrice du monde pour moi.

A partir de ce moment j’ai décidé de me soigner et pas qu’avec une thérapie de la méditation ou d’autre chose que je chérie toujours autant (et qui reste un excellent complément) mais avec un traitement.

Antidépresseurs, anxiolytiques, somnifères, j’ai eu le droit à la totale ; je fais rarement les choses à moitié.

J’ai compris à ce moment-là que je n’allais pas bien, mais genre vraiment pas bien. J’en rigole maintenant mais mes angoisses se fixent(aient) sur les maladies en tous genres; si vous saviez ce que j’ai pu faire vivre à mon entourage et mes amis proche.
Tous les tests que je leur ai fait faire, j’aurais pu ouvrir un centre de dépistage d’AVC ou un truc dans le genre.

C’était un peu la « joke », mais réellement ce qui pouvait sembler risible de l’extérieur était pour moi un véritable enfer, comme ce jour où en rentrant de voyage après 2 ans de vadrouille autour du monde, mon cerveau s’est dit :

« Et bien tout a une fin, c’était génial » qui s’est transformé en « tout a une fin, même MA VIE » (ouais je sais ça fait très drama queen)…

Mais du coup je ne vous explique pas la fin du voyage pour mon chéri de l’époque qui faisait comme il pouvait pour me tenir la tête hors de l’eau à l’autre bout de la Malaisie, alors que je ne pouvais même plus sortir de ma chambre d’hôtel tellement cette prise de conscience m’avait fait l’effet d’une bombe nucléaire.

Bref il y a eu un moment où je suis tombé réellement très bas et que la seule chose que je désirais, c’était qu’on me shoot pour que ce fichu cerveau s’arrête de tourner.

Retrouver un équilibre

Et Dieu merci, ils m’ont shootée et mon cerveau s’est arrêté de tourner. J’ai refait surface petit à petit, puis au fil de l’eau j’ai repris le contrôle, j’ai diminué les traitements jusqu’à les arrêter totalement il y a maintenant quelques années.

Quand j’ai perdu ma fille je me suis dit que ça allait repartir de plus belle que tout allait revenir…

Mais NON et je pense sincèrement que le fait de savoir que je pouvais être aidée au besoin a changé la donne. Comme si j’avais mon petit parachute au cas où.

Aider en retour

C’est en repensant à tout ça que je me suis dit que je voulais le faire, que ces gens-là étaient sur le même chemin chaotique que moi un peu plus tôt, et que je savais ce qu’ils pouvaient vivre à peu près et que le yoga m’avait apporté tellement.

Et j’ai bien fait !!! qu’est-ce que c’est gratifiant.

Alors n’ayez pas honte, vous n’êtes ni moins bien, ni plus faible qu’un autre si vous avez besoin d’aide quelle qu’elle soit.

Ne vous laissez pas sombrer, ne vous laissez pas tomber et sachez qu’une vraie dépression doit être prise en charge avec sérieux.

Si vous sentez que vous perdez pieds faites-vous aider.

You just need to heal your broken mind ❤️